18 novembre 2008

Vive la télé, et vive Mireille Dumas...

Hier soir, c’est une soirée en beauté que nous promettais France 3 et Mireille Dumas (oui, en fait j’aurais du me méfier ça faisait louche dès le début) avec une émission au titre évocateur : Vive la télé, et diffusée à l’occasion des 60 ans du dit media.
Je me suis dit, tiens, tant qu’à faire, quitte à avoir annulé une sortie au théâtre pour cause de risque trop élevé de somnolence, autant s’endormir devant Mireille Dumas pour une fois que c’est pas une émission à base de témoignages d’has-been, voire d’has-never-been.
Alors moi qui m’attendais à une formidable rétrospective, un incroyable voyage exhaustif au travers de l’histoire de la télévision française, et ben j’ai pas été déçu.

Mais disons qu’à Mireille Dumas on a peu envie de lui offrir deux ou trois bouquins.

Pour la tati-psy du service public, l’histoire de la télévision se résume en grandes catégories chacunes associées à des témoins forts et représentatifs d’un genre, d’une époque. . Les variétés, l’information, la provoc’, l’impudeur… Pourquoi pas, en deux heures, faut bien s’organiser.
Mais le casting des intervenants, aussi bien en reportages que sur le plateau, nous rappelait à chaque instant que nous étions bel et bien sur France 3 !



Au début je me suis dit chic, je vais réviser mes classiques. Et bien non.

Les variétés à la télé, pour M.Dumas, c’est Jean-Jaques Debout et Sylvie Vartan chez les Carpentier dans les années 70, et chez Drucker dans les années 80. C’est tout.
Après plus rien.
Alors les deux sont venus faire leur anciens combattants sur le plateaun et J.J.Debout a encore joué à l’éternel amoureux transi de Sylvie pour qui il a écrit plus de 60 chansons et à qui il avait prédit une carrière digne de celle de Joséphine Baker, elle devait être contente Chantal Goya !

L’info à la télé pour M.Dumas, c’est les hommes politiques dans des situations à la con.
Avec des extraits très originaux : le Au revoir de Giscard, qu’on a jamais vu, c’est vrai, ou le taisez vous Elkabbach, très rare document également.
On a eu droit aussi aux politiques qui poussent la chansonnette, mais pas trop. Jospin bien sur, délicieusement ridicule, et Sarkozy sur Johnny. Mais là ils ont passé l’extrait du karaoké chez Catherine Ceylac, on préfère nettement le Nulle Part Ailleurs ou Sarko affirmait être un fan absolu de Johnny, l’orchestre s’était mis à jouer mais il ne connaissait aucune chanson, aucune parole !... Du coup, Catherine Ceylac, plutôt sympa à Thé ou café, lui avait mis un laserdisc pour les paroles, il les lisait mais sans chanter ! Même chez Chouchou il aurait été grotesque.
Notons au passage que quitte à diffuser un grand moment de politique qui chante, on avait quand même en stock Arlette Laguiller avec Mon p’tit lou de P.Perret !

Dans ce reportage consacré aux politiques à la télé, on a pu écouter témoigner de grands politiques de référence en la matière : Gerard Larché et Christine Boutin.
Au plateau, les invités pour ce thème étaient forcément Duhamel qui a dit les banalités habituelles (Chirac était un animal politique qui a su apprivoiser la télé alors qu’il était pas à l’aise au début / Sarkozy prépare beaucoup des interventions / Giscard draguait les journalistes femmes) et Michèle Cotta, mon idole venue juste faire la promo de son bouquin (que je vous conseille au passage : Carnets secrets de la Ve république, tome II, actuellement sur ma table de chevet) mais qui n’a pas dit grand chose…

Ensuite Mireille Dumas a consacré un reportage aux anciennes vedettes, son fond de commerce, avec Jean-Pierre Descombes qui anime des Ni-Oui-Ni-Non dans les allées d’Auchan, moi ça m’a fait chier parce que je vais plutôt à Carrouf, donc je verrais jamais Mr Descombes. Ceci dit c’est pas plus mal parce que je me connais je ferais la queue pour participer au jeu...

Les invités pour ce sujet étaient Laurent Broomhead, qui a du être content quand on l’a appelé pour lui demander de venir représenter les has-been aux côtés de la sympathique Denise Fabre, qui notons le assure actuellement la présentation sur scène de l’impressionnante tournée des idoles Age tendre et Tête de bois, qui cartonne dans tous les zénith de France et dont cette émission a assuré la promo éhontée de bout en bout. On a du coup vu des extraits et je peux vous dire que ça vaut son pesant de cacahuètes, ça donne presque envie d’y aller tellement c’est surréaliste.

Puis c’était le moment tant attendu, l’arrivée des émissions impudiques à la télévision. Mireille Dumas en connaît un rayon vu que c’est l’une des protagonistes du genre. Mais curieusement celui-ci a été présenté comme quelque chose de tout à fait respectable, car elle s’est dit que c’était l’occasion de redorer son blason.

Alors évidemment Pascale Breugnot, toujours avec de terrifiants cheveux oranges et un maquillage altaïesque, est venu affirmer que PsyShow elle le faisait vraiment sincèrement pour aider les gens, tout comme SexyFolies.

Il y avait aussi G.Miller, qui a du emprunter de subtils chemins détournés pour dire qu’en fait il avait refusé de participer à PsyShow parce que c’était de la merde, avec la Breugnot à côté et Dumas en face, c’était un peu tendu, mais vu que c’est tous les 3 des faux-culs ça s’est tassé .
Mireille Dumas s’est au passage autoproclamée intervieweuse sensible de référence, n’hésitant pas à se comparer à Denise Glayser et rappeler qu’on parle de cul à la télé depuis Dim Dam Dom et qu’on est impudique depuis Discorama alors y’a pas de raison de l’emmerder elle, elle a le droit de faire de la télé confession putassière, en gros c’était le message.

Puis en fin d’émission une partie évoquant les comiques provocants à la télévision : vous aurez déjà deviné qu’on a vu D.Prevost à Montcuq au petit rapporteur, P.Desproges en Hitler, des extraits de Droit de réponse, c’est vrai que c’est toujours très drôle mais on avait pas l’impression d’apprendre grand chose. Stéphane Guillon est ensuite venu sur le plateau expliquer qu’en gros maintenant c’était le seul bon comique provoc’ et que les autres comiques à succès n’étaient pas engagés. C’est un fait. En même temps on est plutôt content qu’Arthur ou Franck Dubosc ne nous donnent pas leur avis.

Et là l’émission se termine.
Le constat est sans appel.

Cette conasse de Mireille Dumas a réussi à survoler l’histoire de la télévision française sans parler de la naissance du média, des premières émissions, de l’ORTF, de l’éclatement de ce dernier, des fictions en direct puis enregistrées, du passage à la couleur, des privatisations, de l’apparition des chaines à péage, de l’aspect politique primordial, des dirigeants historiques, de l’invention française du journal télévisé, de l’arrivée des programmes étrangers, des jeux télévisés, de l’évolution des émissions culturelles, de la publicité et des mécanismes qu’elle engendre, des privatisations capitales des années 80, du rapport télé/cinéma, du charity business, de la disgrâce passagère des variétés, de l’explosion des chaines de complément, câble, satellite, tnt, de l’info continue, de l’arrivée de la real-tv, de la concurrence avec internet, de l’annonce de la suppression de la pub sur le service public…

Donc là on dit chapeau.

Un remplissage sans queue ni tête, même pas digne d’être diffusé l’été en fin d’après midi.

Donc je suis sorti de cette émission comme j’y suis rentré : j’en sais pas plus et je méprise toujours autant Mireille Dumas.
J'aurais mieux fait d'aller à la première au Pointduj' au moins y'avait un buffet.
Pas grâve j'y vais jeudi.

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